Ni candides ni candidats

Publié le par Pavillon Noir

abstention inamicale

 

Ni candides ni candidats

 

Voter, c’est donner sa voix à un-e politicien-ne pour qu’elle ou il parle et décide à notre place. À la différence du mandat impératif et clair de délégués révocables, élire c’est signer un chèque en blanc : en système « représentatif » (et donc pseudo-démocratique), les promesses électorales n’engagent que celles ou ceux qui les croient. Elles se résument à des opérations de communication superficielles et publicitaires, qui maquillent grossièrement des luttes de pouvoir, sur fond de grands intérêts économiques.

 

Les élections passent, les cabinets se renouvèlent, mais les problèmes de fond restent. La classe politique est non seulement coupée des réalités quotidiennes, mais perpétue de fait les intérêts des classes possédantes et dominantes, qui détiennent le pouvoir économique c'est-à-dire le pouvoir réel. A gauche ou à droite, personne ne s’attaque au mal à la racine, tou-te-s semblent s’accommoder d’une société fondée sur la hiérarchie, l’exploitation salariale, la répression, les inégalités économiques et sociales. Nous n’avons rien à attendre d’eux.

 

On entend parfois dire que les élections cantonales, parce que plus locales, sont plus proches de la base et des réalités du terrain, que les élections présidentielles, nationales. Participer à des expériences d’administration locale peut sembler une perspective un peu plus attirante aux yeux de celles ou ceux qui veulent changer la société. On s’imagine vaguement que par ce biais, des gens motivés pourraient faire face aux problèmes concrets que pose l’organisation des transports, de l’éducation, de la culture, du logement… bref, améliorer le quotidien.

 

Faire ce genre de compromis engage sur une pente dangereuse les organisations qui se réclament d’une transformation radicale et révolutionnaire. Dans la mesure où les élu-e-s tirent leur salaire de leur fauteuil, elles-ils ont tout intérêt à préserver le système qui les entretient. Ces personnalités pèsent sur les orientations stratégiques de l’organisation, et tendent à lui faire renoncer à la perspective révolutionnaire - comme le montre l’exemple historique du glissement réformiste des partis révolutionnaires qui ont choisi de se présenter aux élections. Les rares individus qui n’ont pas abandonné leurs convictions ont été écartés ou mis hors d’état de nuire.

 

Quant à la possibilité d’acquérir une expérience concrète de la gestion des affaires communes, elle est très réduite. Le plus souvent, elle se résume à la gestion de la pénurie avec des marges de manœuvres très réduites Elle cautionne surtout l’illusion que le système peut être rafistolé, sans toucher à ce qui le fonde, notamment l’exploitation et la soumission salariales.

 

Plutôt que de perdre notre énergie à gérer des miettes, remettons collectivement en cause le découpage du gâteau, et la nature du gâteau. Contre l’exploitation, les inégalités sociales et économiques et le désastre écologique, nous proposons la perspective d’une gestion directe de la production et de la distribution, dévolues non au profit capitaliste mais aux besoins réels. Contre la délégation et les faux choix qui nous sont laissés dans les élections, nous proposons l’auto-organisation à tous les niveaux, et des modes de coordination fédéraux. Dès maintenant, choisissons d’agir au lieu d’élire. C’est pied à pied, dans les luttes sociales et au quotidien, que nous entendons avancer dans cette perspective.

 

Fédération anarchiste

Publié dans Communiqués

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article